La quête d'un homme sans but...

C'était le lendemain du printemps, Bree semblait calme au petit matin.
La taverne du Poney Fringant se réveillait. Prosper, essuyant la vaisselle de la veille vu une silhouette boitant passer la porte de son établissement.

-Il me faut des pains de route et des aliments séchés, l'ami.
-Je dois avoir cela en réserve répondit prosper

Rolan attendit quelques minutes au comptoir, comptant le peu de monde qu'il restait dans l'auberge. Entre les piliers qui faisandaient dans leurs sels et autres effluves malodorantes, il n'y avait guère que quelques personnes de passage.

Le chef de l'établissement revint avec la commande. Le Chevalier de la Rose prit ces rations et les rangea dans ses affaires.
Ce jour là, on l'aurait guère appelé Chevalier Blanc. Il était vêtu d'une robe de rôdeur, d'un chapeau à bord rigides, de bottes et de gants de cuirs souple, le tout tanné par ses soins.

Il ne ressemblait guère plus qu'à un pilleur de tombe sortit d'un autre temps, le fouet laissant place à une paire de longues et fines lames, dont sa précieuse Serre de la Pie, une tueuse d'orcs.

Après avoir grassement rémunéré Prosper, il sortit de la taverne, traversant la place jusqu'à sa monture qui l'attendait en mâchant un peu de paille fraiche.

Arnachant ses sacs avec fermeté, il se hissa sur sa selle, non sans froncer les sourcils, son pied gauche lui laissant toujours quelques douleurs quand il bougeait la cheville.
Il prit alors la route, les fers de sa jument résonnant sur le pavé jusqu'à la porte Sud de la cité.

C'est alors qu'il s'élança sur les routes, se dirigeant vers le Sud-Est, puis se dirigeant vers les mines de la Moria.
Le chemin prit quelques jours, ne faisant halte que pour que sa monture puisse se reposer, lui ne dormant guère plus que quelques maigres heures par jour.

Arrivant aux portes de la mine, il entra dans la gueule ouverte de la montagne, un endroit où il commençait à se sentir chez lui. Les nains le reconnurent, le laissant prendre l'une de leur chèvres pour traverser la gigantesque mine. Et pour la première fois Rolan demanda l'aide d'un guide pour lui permettre de trouver le chemin le plus court et le plus prudent pour lui permettre de traverser ce sombre terrier.

L'itinéraire ne fut pas de tout repos, et sans sa lame notre héros ne put se défaire des nombreux orcs et autres créatures des profondeurs qui barraient son passage.
Mais ils finirent par sortir du ventre de la montagne, se dirigeant vers la forêt de la Lothlorien, là où le conduisirent les légendaires récits de chants elfes capable de changer le monde et de mettre en marche la création.

Ces chants, quelques semaines plus tôt il en avait rêvé. Un rêve emplit de musique et de chants émis par des êtres fins et graciles à tel point qu'on eut dit qu'ils brillaient.

Pensant arriver à son but il laissa derrière lui son guide, s'aventurant seul vers la fin de son périple.
N'ayant aucun mal à se frayer un chemin dans les bois de la Lorien, il finit par s'y perdre, s'aventurant dans ces lieux pour la première fois. Et c'est en écoutant son cœur et sa foi en sa noble quête qu'il eut le courage de continuer sa route dans ce labyrinthe de végétation.
Il se sentait malgré tout chez lui, et c'est sans sortir ses armes qu'il se laissa capturer par une patrouille de Galadhrims. Ces derniers ne lui firent pas de mal, reconnaissant une broche, emblème des connaissances de ces Elfes, que lui avait remit Laegwen quelques jours plus tôt.

Ils l'emmenèrent non loin de la cité de Caras Galadhon.
Et tandis qu'il racontait les raisons de sa venue en ces terres, les sylvains le guidèrent dans un petit avant poste, faisant de lui un prisonnier sans pour autant le mettre en geôle.

on le laissa se hasarder dans le petit camp, et c'est alors que Rolan découvrit ces majestueux arbres que sont les Mallorn.
Tandis qu'il parcourrait le tronc du regard, le suivant à la recherche du houppier qui disparaissait dans les cimes denses, le Chevalier fut perturbé par une voix.

-Huin nàr law lë Araglaron? Lethril tongallë în glïr...

Rolan tourna la tête, découvrant un Elfe aux cheveux noirs dont le regard caressait l'écorce argentée de cet arbre sacré. Il était habillé simplement même s'il avait cette allure qu'il sied aux elfes de haute importance.

Habituellement il ne comprenait pas les langages Elfiques, mais, fusse-t-il l'air de la Lorien ou encore son sang de semi Elfe qui s'éveilla, les mots prirent sens et résonnèrent comme un écho en commun:

-Ne sont ils pas majestueux? Tendez l'oreille et vous entendrez leur chant

Et Rolan répondit instinctivement:

-...De la nature résonne la Grande Musique... le Chant de la Création d'Eä...

Puis il se tut, étonné de sa répartie, posant à nouveau son regard sur les lointaines branches du houppier du Mallorn.

Sa vue se brouilla, si bien que son ouï prit le relai et se perdit dans le souffle du vent et le crépitement des feuilles argentées. Et, comme hypnotisé par cette naturelle mélodie, un chant finit par s'élever au delà des portes de sa conscience.

Se laissant bercer par la mélodie, son esprit prit dans une rêverie semi-éveillée, il vit une silhouette féminine, une Dame à l'aura bienveillante dont la voix entonnait le chant des arbres. Il sentit l'âme d'un enfant se réveiller en lui, se sentant rassuré. Et de ces paroles dont le sens lui échappait il comprit.
Il lui faudrait écouter et comprendre les chants et mélodies que transporte la nature pour trouver la clef qui lui permettra de communiquer avec sa Dame de la Lune si tourmentée et peut être parler à son âme et l'apaiser.

Une brusque prise de son bras le fit sortir de sa rêverie. Les gardes Galadhrims l'emportèrent à l'orée de leur forêt, ayant statué qu'il n'était pas un danger, mais qu'il n'était pas bienvenue.


Était-ce ainsi que sa quête devait se terminer? avec pour seule gain des rêveries et des chants? Il ne le savait pas. Mais, faisant route pour Bree, il se mit à écouter les chants de la mine la nature, et toutes les mélodies qu'elle lui offrait, aventurant son esprit là où la raison de grand bardes s'est un jour perdu...

Sans guide, le retour vers l'Eregion par la Moria ne fut pas une mince affaire. Et s'il n'avait pas été un voyageur accomplie, Rolan n'aurait pu passer les lignes orcs et ainsi que les gorges de ces mines en ruine.

Lorsqu'il arriva à la vingt et unième salle il prit un peu de repos et rapiéça ses vêtements qui avaient fait leur travail face aux viles créatures des mines. Et, à partir de là, il loua une chèvre et un guide aux nains pour sortir de la mine et rejoindre Echan Dunan.

Les palefreniers s'étaient bien occupé de sa monture et il les dédommagea grassement pour leurs bons services.

Sitôt remit en selle, il fila droit vers la trouée des trolls, faisant de sorte d'écouter chaque son qui venait se loger dans son oreille. chaque fois qu'il laissait se reposer sa monture, il écoutait les chants de la nature, méditant sur cette mélodie de la création.
Mais il arriva un moment ou ses rations venaient à manquer. Le Chevalier de la Rose prit alors la décision d'aller à Torenhad, un refuge en ruine où il avait des amis Elfes et chez qui il savait qu'il pourrait ravitailler et trouver le repos.

Quelques jours plus tard il arriva dans le refuge, et il décidait de prendre une journée de repos.
Il prit son matériel d'écriture et écrivit une lettre à son ex-Femme, Wenthinitiel. Il était partit depuis si longtemps, et voulait rassurer ses amis, et c'était la seule personne en qui il avait toute confiance.

Citation :

Chère Wenty,

Je te fais parvenir aujourd'hui ce message par coursier pour te dire que je vais bien.

Même si quelques jours seulement nous séparent, je prends le temps de reposer ma monture à Torenhad, j'étais partis dans la Lorien et j'en suis revenu, mais ma monture est épuisée.

J'espère que Sineri va bien malgré son état, et que tu vis pleinement ta propre vie.

Je serai ici pour quelques jours, si tu souhaites me contacter.

Bien à toi,
Rolan, Chevalier de la Rose

Puis il cacheta le parchemin, et tandis qu'il remit la lettre à un coursier, il se mit à penser à sa femme, un air inquiet et mélancolique.

Une fois ses affaires posées dans le camp, il se mit à se balader dans les ruines, contemplant le couchant, n'ayant qu'une idée en tête, sa compagne.
Reprenant ses esprits, il décida d'arpenter les collines avoisinantes au gré de la lueur de la Lune. Se hasardant parmi les ombres de la nuit, son ouï se perdit dans le son ambiant. Les ourses s'occupant de leurs petits, les loups chassant le gibier, les daims bramant sous le ciel étoilé, chacun des sons de la forêt, il en percevait le chant.

Puis ses pas le conduisirent plus au nord, dans d'anciennes ruines d'un temps ancien. Il ne se souciait guère du danger, passant silencieusement près des Dragons terrestres endormis.
Parmi les chants il en entendit de plus sombres, ceux des sans repos, jadis de grands Elfes, qui foulaient ces terres ancestrales lorsque l'astre du jour se levait à l'horizon.
Son oreille suivit ces mélodies macabres, des chants qui parlaient du trépas et de la revenance, de ces âmes liées aux ruines car elle y étaient tombée dans le déshonneur.
Rolan s'assit sur une vieille colonne de pierre s'érodant au gré du temps qui passe. Il écouta ce chant jusqu'au petit matin, versant quelques larmes pour ces esprits qui ne trouvaient pas le repos.

Tandis que l'aube se levait, il ressentit une variante dans le chant, puis ce dernier changea complètement, laissant place à une mélodie plus douce, pleine de pardon et d'expiation, le chant du Soleil se réveillant pour que ces morts retournent à leur tombeaux se reposer.

Regardant le ciel rosir puis atteindre des teintes bleutées, il retourna au camp en méditant sur ces chants.
Si le soleil apaisait les âmes des non morts, alors peut être pourrait il chanter pour sa belle ces chants célestes et lui apporter une lumière salvatrice à ses maux, dusse-t-il chanter jusqu'à la fin de ces jours pour la garder près de lui...


Rolan retourna alors à Torenhad passer une journée à se reposer, épuisé, et dormit du sommeil du juste. Il resta dans le camp jusqu'à avoir des nouvelle de la femme qu'il considérait toujours comme une amie, Wenthinitiel

Wenthinitiel reçut rapidement le courrier, aussi rapidement que le coursier elfique avait pu l'apporter. Ne perdant pas de temps elle pria celui-ci de se reposer un moment et lui offrit de quoi se restaurer avant d'écrire un bref message qu'elle remit au coursier avant qu'il s'en retourne.

Citation :

Cher Rolan,

Je vais aussi bien qu'il se peut. Ne sachant plus trop que faire, j'ai demandé l'aide de Dame Belthin pour Sineri. Celle-ci s'est rendue à Imladris pour mander les conseils du Seigneur Elrond. Elle a ensuite procédé à un rituel sur Sineri qui a parlé. La procédure est longue et il est pénible de te raconter tout ça par lettre. Revient au plus vite, nous avons découvert un moyen de la ramener. Car oui, Rolan, Sineri telle que tu l'as connue n'existe plus en ce moment, il nous faudra beaucoup de temps et de talent pour la ramener telle que tu l'as connue. Elle t'aime encore sois en certain, elle ne peut malheureusement pas te le dire.

Wenthinitiel Carancemen

Laegwen venait de passer les deux dernières journées à s'occuper de Sineri, sans se restaurer et prendre du repos. Elle avait trouvé la jeune femme dans l'état qu'on lui avait décrit, errants sans but dans les rues de Bree, tantôt menaçante, souvent effrayée. Mais le repos et les soins nécessaires à ses mains, cloquées, ensanglantées d'avoir joué si longtemps pour garder Sineri calme, attendraient qu'elle ai envoyé une missive à Rolan.

Citation :

Mon ami,

Ce que je vais te dire risque de t'apporter autant d'espoir que de tristesse.

Nous avons identifié les raisons du comportement de Sineri, grâce au dessin qu'elle a fait. Elle est la victime d'un Non-mort, un être sorcier des Galgals qui la tient en son pouvoir, possédant son corps. Il a profité de sa faiblesse et de son désir de vengeance à cause des maltraitances qu'elle venait de subir pour prendre le pas sur son esprit. Et pour l'en séparer, il nous faut accomplir un rituel précis.

Il y a deux jours, je l'ai trouvé, errant dans Bree sans but, effrayée et blessée. J'ai réussi à la calmer en jouant et grâce à l'aide de mon amie Valentinia, nous avons put lui prodiguer des soins. Pendant que nous la soignons, le Non-mort nous a parlé, et nous à menacées bien que grâce à la musique, il ne puisse nous faire du mal. Et sans s'en rendre compte, il m'a donné les clefs pour la libérer de son emprise. Il a prononcé ces mots:

Des cheveux de la cause à l'état de mort
Posés sur notre corps ébranlera notre sort
La sculpture dans laquelle repose
Son esprit perdu et morose
Sur l'autel des veilleurs sera posée
N'oubliant pas son corps à côté
Et vous jouerez une profonde mélodie
Qui apportera la lumière de l'oubli.

Je n'ai pas saisi leur sens tous de suite, mais il s'agit en réalité du rituel à suivre pour libérer son âme de l'emprise du sorcier Non-mort. Il nous faut une poignée des cheveux de l'agresseur de Sineri, que nous devrons tuer. Il faudra les poser sur le corps cadavérique du Non-mort. Il faudra amener également la statuette de bois, en forme de cheval, présent sculpté par Haromoth pour Sineri. Il semblerai que son âme soit réfugiée dans cette statuette. Pour plus de précautions, j'ai prélevé une touffe de crin de sa jument, Myrtille. Il faudra l'amener au Galgal, et lui faire tenir la statuette, pour réaliser sa libération. Et pour réussir, il faudra jouer un air suffisamment ancien, et puissant, pour la ramener à nous, éloigner le Non-mort. La ramener à la lumière.

Nous n'avons malheureusement pas tous les éléments en notre possession. Son agresseur cours toujours. Les Rohirrims sont à ses trousses, mais il leur glisse entre les doigts comme une anguille. De même, la statuette est entre les mains d'une elfe en bleu, mais je ne sais s'il s'agit de Wenthinitiel ou de Dame Belthin. Ou encore d'une autre, qui me serait inconnue. Quant à la profonde mélodie...

Wenthinitiel m'a entretenue de ta quête. Et j'ai peut-être une idée. Va a Forochel. Et garde le coeur à l'écoute, une fois dans la vallée, et porte tes yeux au ciel. Si tu sais entendre, alors tu recevras sûrement une réponse, j'espère, celle que tu cherches. C'est Elbereth elle-même qui a créé ce lieu. J'en suis certaine. Le lac au centre de la vallée ne peut être que naît d'une de ses larmes, et la nuit danse dans le ciel les reflets de sa chevelure. Le chant y est fort. Et si tu le peux, tu verras, à l'ouest, dans la vallée, un col. Passe le, et regarde à l'occident. Tes yeux de Peredhel percevront peut-être quelque chose.

J'espère que savoir, ne plus lutter face à l'inconnu te rassure bien que le péril dans lequel se trouve ta bien-aimée soit grand. Nous avons une lueur d'espoir, nous devons réussir à la transformer en flamme.

Garde espoir Rolan, Sineri reviendra à la lumière.

Laegwen Galadhelei